La Cour suprême de l’Inde pourrait bientôt décriminaliser l’homosexualité une bonne fois pour toutes
En Inde, l’interdiction de l’homosexualité pourrait bientôt appartenir au passé. La Cour suprême indienne s’apprête en fait à rendre un avis historique qui pourrait constituer une victoire majeure pour les droits LGBT dans ce pays de 1,3 milliard d’habitants.
En Inde, l’homosexualité est interdite par l’article 377 du Code pénal, un héritage de la colonisation britannique. Cet article a été aboli en 2009 mais réintroduit par la Cour suprême quatre ans plus tard. L’ancien procureur général de l’Inde, Mukul Rohatgi, a déclaré dans le journal The Independent que l’article 377 ne reflétait pas d’authentiques valeurs traditionnelles indiennes mais plutôt « la morale victorienne des années 1860« .
Les cinq juges de la Cour suprême ont commencé cette semaine leurs auditions pour savoir s’il faut ou non maintenir cet article du Code pénal indien qui interdit tout « rapport charnel contre-nature avec un homme, une femme ou un animal« .
La Cour suprême a ainsi l’occasion « de montrer au monde libéral, au monde occidental, que l’Inde n’est pas arriérée« , a ajouté Mukul Rohatgi. « Ce serait un signe que l’Inde respecte les droits humains, peu importe la minorité à laquelle vous appartenez. L’objectif est que ces personnes, qui ont beaucoup souffert, soient capables de marcher main dans la main avec le reste de la société« .
Même si les procès pour homosexualité restent plutôt rares, l’article 377 du Code pénal est fréquemment utilisé pour harceler les homosexuels et alimenter la violence et les discriminations à l’égard de la communauté LGBTI. En début d’année, le militant Arif Jafar a ainsi raconté comment il avait été emprisonné et torturé pendant des semaines à cause de son travail de prévention et d’éducation à la santé sexuelle.
« Si nous prétendons être une démocratie, alors nous devons nous comporter comme telle« , a déclaré à The Independent Anjali Gopalan, fondatrice de la fondation Naz, qui lutte contre le VIH et promeut la santé sexuelle. « On refuse des droits aux citoyens de ce pays en fonction de la personne avec qui ils vivent ou de qui ils aiment« .
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Des associations chrétiennes ont déclaré devant la Cour que l’homosexualité était une maladie qui pouvait être « guérie« . Mais la semaine dernière, la juge Indu Malhotra a estimé que l’homosexualité était « non pas une aberration, mais une variation » et que l’article 377 faisait plus de mal que de bien. « En raison de la pression familiale et sociale, [les homosexuels] sont forcés d’épouser des personnes du sexe opposé et cela engendre des souffrances psychologiques« .
Les parlementaires indiens ont tenté plusieurs fois d’abolir l’article 377 du Code pénal, sans succès. Le Bharatiya Janata Party (BJP), le parti du Premier ministre actuel Narendra Modi, a déclaré qu’il s’en remettrait « à la sagesse » de la Cour suprême, mais a mis celle-ci en garde contre toute évocation, dans son jugement, du mariage pour tous, de l’adoption ou d’autres sujets LGBT.
Les auditions devraient s’achever la semaine prochaine et la Cour rendra probablement son avis d’ici deux mois.
Bien entendu, ce jugement, même s’il est positif, ne mettra pas fin à toutes les discriminations. Anjali Gopalan, qui a reçu des menaces de mort en raison de son activisme en faveur de la communauté LGBT, a déclaré qu’une victoire à la Cour suprême représenterait « la fin d’une bataille et le début d’une autre » pour parvenir à l’égalité complète.
La légalisation de l’homosexualité en Inde aura-t-elle des répercussions sur d’autres pays voisins ? L’avenir le dira.