Disparition soudaine de David Stuart, référence mondiale sur le chemsex
On a appris aujourd’hui la disparition soudaine de David Stuart, spécialiste du chemsex. Son décès a été annoncé par le centre de santé sexuelle communautaire londonien 56, Dean Street — l’équivalent du 190 à Paris.
It is with great sadness that we announce the sudden death of our colleague and friend David Stuart
David worked at 56 Dean Street for the last 8 years as our Substance Misuse Lead specialising in Chem Sex pic.twitter.com/a6kkmtUnGS
— 56 Dean Street (@56deanstreet) January 12, 2022
Né en Australie il y a une cinquantaine d’années (il était très discret sur son âge), il perd à l’âge de 6 ans ses deux parents dans un drame effroyable: son père, vétéran de la Seconde Guerre Mondiale, tue sa mère d’un coup de pistolet avant, un peu plus tard, de se suicider. Une fois adulte, il part pour Los Angeles, puis Londres, où il découvre la vie gay et certains de ses excès, comme il le raconte dans ce portrait vidéo. Il est alors diagnostiqué séropositif. Un peu plus tard dans sa vie, après avoir lui-même consommé beaucoup de substances, il s’intéresse au problème de l’abus de produits psychoactifs dans un cadre sexuel chez les gays. Il est d’ailleurs, dit-on, celui qui a inventé le terme « chemsex ». Il travaillait depuis 8 ans au centre 56, Dean Street de Londres en tant que responsable du service Usages de drogues.
« LA référence chemsex dans le monde »
« C’était LA référence chemsex dans le monde », affirme le militant français Stephan Vernhes, qui a beaucoup travaillé sur le sujet, notamment au sein du Spot Beaumarchais, de l’association Aides. « Je ne peux pas dire combien de médecins, d’activistes, d’accompagnateurs communautaires, de psy, l’ont eu comme référent, ajoute le militant, qui le considère comme son mentor. Il avait une grande capacité pédagogique à passer les infos. Le mot est galvaudé, mais il avait une grande bienveillance. Je ne l’ai jamais entendu dire du mal de personne ».
Stephan Vernhes se souvient de sa première rencontre avec lui: « C’était impressionnant, parce qu’il était très grand et assez costaud, il en imposait énormément. C’était quelqu’un de très doux, extrêmement poli. Il avait beaucoup d’humilité ».
Pour le militant de Aides, c’était la communauté gay qui intéressait David Stuart par dessus tout. « Il a vu les ravages causés par le chemsex à Londres et il a voulu absolument tout faire pour qu’ensemble on crée des réponses, qu’on mette en place des choses pour aider tous ces hommes qui étaient en train de tomber. »
Sur son site personnel, DavidStuart.org, l’activiste avait rassemblé ses écrits, ses participations à des documentaires et mis à disposition un outil de ressources sur la question du chemsex.
Stephan Vernhes confie ne pas arriver à « s’imaginer un monde d’activisme chemsex sans David Stuart ». « C’était un peu le phare, ajoute-t-il. On avait ce point de repère. C’était le héros, sans le costume. Quand on avait besoin de quelque chose par rapport au chemsex, on allait voir David Stuart. Je me demande qui maintenant peut avoir cette vision, cette manière moderne d’aborder la chose? »
Hornet l’avait interviewé en 2017
Nous l’avions interviewé en 2017 dans le cadre de notre dossier sur le chemsex.
Voici à nouveau l’entretien dont le propos reste plus que jamais d’actualité (sous-titres français disponibles en cliquant sur l’icône correspondante):