« Le journal d’Andy Warhol », le pape du pop art côté intime
Pendant une grande partie de sa vie, Andy Warhol a dicté tous les matins à son amie Pat Hackett les entrées d’un journal intime. The Andy Warhol Diaries, édité par Pat Hackett a été publié après la mort de l’artiste, en 1986. Netflix a mis en ligne récemment un documentaire, Le journal d’Andy Warhol, qui se base sur ce livre.
Produit par Ryan Murphy, ce docu-série en 6 épisodes d’une heure chacun part du journal du pape du pop art pour dérouler sa vie, son art, ses relations amoureuses, ses collaborations artistiques.
Une voix off modifiée avec l’intelligence artificielle
En voix off, le comédien Bill Irwin lit les entrées du journal, avec une voix transformée par l’intelligence artificielle pour ressembler à celle de Warhol. Le procédé semble un peu factice au début, mais on s’y fait. Et comme il est répété dans le documentaire, Warhol a souvent dit lui-même qu’il aimerait être une machine…
De Warhol, on connaît ses oeuvres et sa vie publique, la fameuse boîte de soupe Campbell, ses portraits, la Factory, ses frasques au Studio 54, sa collaboration avec Jean-Michel Basquiat… On connaît moins sa vie intime. Et pour cause, c’est une question qu’il n’aimait pas évoquer publiquement. Il répétait d’ailleurs en interview ne pas aimer le sexe. Grâce aux entrées de son journal, on sait qu’il a eu plusieurs histoires d’amour. Le documentaire revient sur les deux les plus importantes, celle avec Jed Johnson, à la beauté d’éphèbe, puis celle avec Jon Gould, le cadre de la Paramount. Les différents témoignages permettent aussi de mettre en lumière sa personnalité, marquée par les complexes liés à son physique.
L’intime éclaire l’oeuvre
Si l’évocation de sa vie personnelle offre des moments poignants, notamment la mort de Jon Gould, malade du sida, Le journal d’Andy Warhol passionne malgré tout davantage lorsqu’il évoque la carrière de l’artiste. Son ascension dans les années 60 et 70, puis le coup d’arrêt causé par la tentative d’assassinant de Valerie Solanas, la collaboration et la relation compliquée avec Jean-Michel Basquiat, puis ses dernières oeuvres, inspirées de La Cène. L’intime permet parfois un éclairage différent sur l’oeuvre.
Le documentaire revient enfin sur une controverse: le non-engagement de Warhol sur le sida, au contraire d’un Keith Haring, par exemple. L’occasion de parler de son sensibilité religieuse et de démontrer une fois de plus la complexité du personnage. De ce point de vue, on notera avec intérêt que ses proches, longuement interviewés, ne sont pas tous d’accord entre eux. L’une des intervenantes lance d’ailleurs: « Je ne pense pas qu’on puisse comprendre qui était le véritable Warhol ». Et ajoute-t-elle, « j’espère que personne n’y parviendra ».
Voir la bande-annonce du Journal d’Andy Warhol (en anglais):