Vous cherchez un thérapeute friendly ? Voici les 12 questions que vous devriez lui poser

Vous cherchez un thérapeute friendly ? Voici les 12 questions que vous devriez lui poser

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Dans notre société qui entretient la honte et la haine de la sexualité, il est important de trouver un thérapeute sex-positif qui vous permettra d’explorer votre créativité sexuelle et vos différentes relations avec autrui. Beaucoup de médecins, de soignants et de thérapeutes estiment que la santé passe par la norme et la conformité, mais la différence n’est pas un trouble ou un problème.

Par ailleurs, beaucoup d’entre eux s’accrochent à des termes courants sans se poser la question des valeurs problématiques dont ils sont issus et qu’ils renforcent. Comme la plupart des normes de notre culture, les diagnostics de santé mentale reposent sur des valeurs masculines, blanches, cisgenres et hétérosexuelles. Appliquer ces valeurs dans le champ de la médecine revient à stigmatiser toutes les minorités.

Autrefois, pour les psychologues, la masturbation, l’homosexualité et la transidentité étaient des déviances qu’il fallait soigner. Heureusement, nous commençons à réaliser que les différences ne sont pas des troubles, mais des forces, et que la diversité sexuelle est saine et contribue à la richesse de notre existence.

Si vous êtes à la recherche d’un thérapeute friendly et sex-positif, voici donc douze questions à lui poser.

 

1. Combien d’heures de formation sur la sexualité humaine avez-vous reçu ?

Dans le domaine de la santé mentale, beaucoup de soignants ne sont pas sex-positifs. En fait, ils sont souvent pires que la plupart des gens. À l’Université, les étudiants en santé mentale n’entendent que très peu parler de sexologie, de sexothérapie ou de sexualité humaine. Parfois, ils n’ont qu’un seul cours sur ces sujets, parfois ils doivent suivre des cours facultatifs pour y être formés. Mais la plupart des formations sur la sexualité humaine sont dispensées en dehors de l’Université. Certaines sont de bonne qualité, mais pas toutes.

2. Que pensez-vous du porno et de la prostitution ?

Le porno peut avoir des usages thérapeutiques. Comme toutes les formes d’art, il peut avoir des effets très concrets. Des études montrent que les sociétés les plus ouvertes en ce qui concerne la sexualité et la pornographie sont aussi celles qui connaissent le moins de crimes sexuels, le moins de grossesses précoces et le moins de maladies sexuellement transmissibles. Regarder du porno alternatif et/ou réalisé par des femmes peut vous donner une meilleure image des corps non-normés. Cela peut aussi vous encourager à trouver de nouvelles façons d’explorer votre sexualité. Cela permet aux personnes célibataires d’avoir une sexualité, cela aide les gens qui ont une forte libido et on peut le regarder seul même quand on est en couple !

L’idée que les travailleurs et travailleuses du sexe sont les victimes de trafics sexuels est largement infondée. Les problèmes de santé mentale que rencontrent certains d’entre eux et certains d’entre elles sont dus à la stigmatisation, au manque de soutien que leur apporte la société et à la dévalorisation de la sexualité. Ils et elles ont une fonction sociale indispensable en nous montrant ce que sont l’autonomie et la liberté sexuelles. Un thérapeute sex-positif doit le savoir.

3. Que pensez-vous des relations ouvertes et des coups d’un soir ?

On vous a probablement enseigné que la sexualité, c’était entre deux personnes en couple monogame. Et que ses buts principaux étaient le mariage et la reproduction. Mais on peut aussi s’épanouir dans des relations sentimentales ou sexuelles ouvertes, non-monogames ou poly-amoureuses. Qu’il s’agisse de plaisir, d’amitié, ou d’autre chose, elles peuvent être brèves et sans engagement.

4. Avez-vous déjà travaillé avec des patients trans ?

Il existe beaucoup de manières de présenter son genre et beaucoup de corps différents. Le genre ne se limite pas à la binarité hommes-femmes, même si la plupart des formulaires ne proposent que ces deux options et si on trouve partout des toilettes séparées pour les hommes et pour les femmes. Certains clitoris deviennent des bites, et des hommes peuvent avoir un vagin et accoucher. Le vrai problème, c’est de croire que le genre est défini une fois pour toutes et que le cerveau des hommes est différent de celui des femmes. Et c’est d’accepter sans les questionner les normes et les rôles de genre (dans les relations, au lit, pendant un rencard…).

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5. Avez-vous déjà travaillé avec la communauté LGBTQIA ?

Un thérapeute sex-positif doit encourager et soutenir les relations (amoureuses ou sexuelles) avec des individus de corps, d’orientation sexuelle et de genre variés. Il doit être capable de parler avec vous de sexe sans pénétration, de sexe avec un harnais-godemichet, de sodomie, de fist-fucking, de la PrEP, des applications de rencontre, des familles homoparentales… Et tout ça sans jugement, sans homophobie, sans lesbophobie, sans biphobie, sans transphobie.

La plupart des thérapeutes utilisent des modèles hétéro-normatifs, même avec leurs patients non-hétéros. Mais il n’y a pas de « psychologie gay » ou de « psyché gay ». L’intersectionnalité nous apprend que nos vies se situent au croisement de plusieurs problématiques et que nos autres identités déterminent de larges pans de notre personnalité. C’est pourquoi aucune personne ne peut être réduite à sa simple orientation sexuelle.

6. Quelles sexualités considérez-vous comme dysfonctionnelles ?

Les thérapeutes travaillant dans le domaine de la santé mentale ont tendance à dénigrer certaines formes de sexualité. Par exemple en parlant d’ »addiction sexuelle ». Ou en dévalorisant certaines fonctions des rapports sexuels, comme le renforcement de l’intimité (« faîtes-moins l’amour », « attendez de mieux vous connaître avant de coucher »), la détente, le plaisir ou le travail. Beaucoup d’entre eux sous-estiment combien faire l’amour peut être thérapeutique et aider à guérir.

Une sexualité saine peut prendre beaucoup de formes différentes. Elle nécessite d’avoir pleinement confiance dans la diversité des sexualités, ce qui inclut par exemple le BDSM et toutes sortes de trips et de fétichismes. Les minorités sexuelles n’ont pas besoin de se conformer aux définitions puritaines établies par la majorité pour exister et encore moins pour être considérées comme « saines ».

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7. Êtes-vous un thérapeute sex-positif ? Qu’est-ce que cela signifie pour vous ?

Votre valeur dépend de de votre personnalité et de votre capacité à améliorer le monde, pas de votre sexualité (à moins bien sûr que celle-ci ne repose pas sur l’éthique et le consentement). Faire l’amour plus souvent peut vous aider à vous sentir mieux et plus en phase avec vous-même, notamment grâce au travail psychologique qu’il faut effectuer pour se sentir à l’aise avec sa sexualité dans notre société. C’est pourquoi votre thérapeute doit savoir que le vrai problème, bien souvent, ce n’est pas la sexualité en elle-même, mais le climat de peur et de soupçon qui l’entoure.

8. C’est quoi, pour vous, une femme sexuellement libérée ?

Les soupçons qui entourent toute personne qui aime ouvertement le sexe, qui fait souvent l’amour ou qui y accorde une grande importance sont si forts que la plupart d’entre nous, sans la moindre exploration critique, y verrons un problème. Surtout s’il s’agit d’une femme. Mais une vie sexuelle saine peut aussi consister à avoir autant de partenaires que l’on veut. En la matière, il n’y a pas de « bon dosage ». Pourtant, l’idée qu’une femme fasse souvent l’amour ou ait beaucoup de partenaires sexuels énerve encore beaucoup de monde et elle pourra facilement se voir traitée de « salope ».

9. Quel rôle joue la masturbation dans une sexualité épanouie ?

Le sexe est l’une des meilleures façons de s’apaiser, de faire face au stress ou à des émotions douloureuses et de se faire plaisir (ou de faire plaisir à autrui). C’est aussi sain et épanouissant que de lire un livre, de faire du yoga ou de jouer au foot avec ses potes. Se masturber tous les jours est bon pour votre esprit, vos muscles pelviens et votre humeur. C’est pourquoi vous devriez vous masturber plus souvent (mais faites-le bien) !

11. Pensez-vous qu’il existe plus de deux genres et que chacun devrait être libre de s’identifier au genre qu’il souhaite ?

Le genre n’est pas seulement une construction sociale artificielle. Les rôles et les normes de genre amalgament, de façon très problématique, des façons d’être très complexes et très diverses, au croisement de plusieurs identités, pour en faire une seule identité monolithique. L’idée que les hommes et les femmes ont des cerveaux ou une psychologie différents relève du même procédé réducteur. En réalité, il existe une infinité de genres et d’étiquettes et chaque personne doit pouvoir choisir les siens et voir son choix respecté et célébré. Un thérapeute sex-positif doit pouvoir comprendre cela.

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11. Que pensez-vous de la bisexualité, de l’asexualité, de la sexualité en solo, de la fluidité sexuelle et des fetish sexuels ?

En tant que thérapeute sex-positif, je travaille avec des patients qui ont besoin d’entendre qu’il n’y a pas de problème à être asexuel, solo-sexuel (intéressé uniquement par la masturbation), pansexuel, sexuellement fluide ou intéressé par des objets plutôt que par des personnes. Malheureusement, certains praticiens qui travaillent dans le domaine de la santé mentale pensent encore que toute différence équivaut à un problème.

12. Que pensez-vous du concept d’ »addiction sexuelle » et de ses traitements ?

Le concept d’ »addiction sexuelle » est devenu une étiquette fourre-tout sous laquelle on stigmatise toute forme de sexualité marginale ou non-normée. Je reçois beaucoup de patients qui ont passé des années à essayer de soigner leur prétendue « addiction sexuelle », et l’essentiel de notre travail ensemble consiste à déconstruire toute la honte que ces « traitements » ont instillé en eux. Très souvent, le traitement de l’addiction sexuelle valorise les relations monogames hétérosexuelles et ignore complètement les autres formes de sexualité (la masturbation, le porno, les trips variés, les coups d’un soir, le recours à la prostitution ou au sexe pour réguler ses émotions, etc.). Cela fait partie de la culture de la honte, des abus et de l’intolérance qui entourent encore la sexualité.

 

 

Le Dr. Chris Donaghue est maître de conférences, thérapeute et animateur du podcast LoveLine. Il apparaît régulièrement dans les talk-shows The Amber Rose Show et The Doctors. Il a également animé les émissions Sex Box sur We tv et Bad Sex sur Logo. Il est l’auteur du livre Sex Outside the Lines: Authentic Sexuality in a Sexually Dysfunctional Culture et de plusieurs articles dans des journaux et magazines prestigieux tels que The New York TimesNewsweekCosmoNational Geographic… Retrouvez-le sur Twitter et Instagram.

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